La surprise Alonso

9 juillet 2005

Un tour magnifique d'agressivité mais limpide, aussi, a permis à Fernando Alonso (Renault) de conquérir une pole assez inattendue, samedi, à Silverstone. L'Espagnol s'élancera à côté de Jenson Button (BAR) car le favori Kimi Räikkönen (McLaren) a encore dégringolé de dix places.

[09/07/05] - Même chez Renault on n'avait pas rêvé tel renversement de situation. Le vendredi avait été celui redouté : insuffisamment compétitif par rapport au rival McLaren. A un point inquiétant. Un manque de grip dû à la fraîcheur de l'Oxfordshire, et son corollaire, une monoplace mal équilibrée et un sous-virage chronique à haute vitesse, avaient transformé les runs en supplice. Tout juste chez les Bleus était-on content d'avoir les idées claires sur le choix des pneus.

Mais une équipe ne baisse jamais les bras et continue de travailler. Même la nuit. Et ce sont justement par les cogitations nocturnes des cerveaux de la base voisine d'Enstone qu'est arrivée la solution. Samedi matin, Fernando Alonso et Giancarlo Fisichella ont retrouvé dans leur garage des R25 transformées par quelques savantes corrections de réglages. Le meilleur chrono de l'Espagnol lors des libres 4 confirma des prétentions devenues miraculeuses sur le territoire de McLaren, en même temps que Kimi Räikkönen subissait les affres d'une nouvelle casse moteur, arrivée par la défaillance d'une pompe à huile.

Räikkönen : "Pas la bonne façon pour gagner le championnat"

En 1:19.905 d'un dense effort dans les enfilades rythmés de cet ancien aéroport offert à tous les vents, Fernando Alonso a finalement rendu à la raison Kimi Räikkönen, détenteur d'une pole position rendue symbolique par un recul de dix places sur la grille. "La voiture avait l'air tellement plus performante ce matin", s'est exclamé le leader du championnat. "L'équipe a fait un travail absolument incroyable la nuit dernière, avec pas mal de petits changements. C'est fantastique pour les 70 Anglais de l'équipe, c'est leur grand prix à domicile ici. Les stratégies doivent être un peu plus similaires entre les concurrents qu'à Magny-Cours", a-t-il ajouté.

Il pourra débuter sa course sans la pression de Kimi Räikkönen, qui mettra peut-être plus de temps qu'à Magny-Cours (parti 13e) à revenir de sa 12e place. Dans son langage modéré, le Finlandais, battu de 0.027 sec, a envoyé une pique à son motoriste. "Ce n'est pas la bonne façon pour essayer de gagner le championnat de prendre à chaque fois dix places sur la grille", a-t-il relevé. "On n'est pas rapide à ce point là pour récupérer autant de différence". Il a ajouté ne pas vouloir s'énerver pour garder son énergie...

Après Magny-Cours, ça fait beaucoup. Et, comme l'a noté Alonso, les stratégies moins diverses qui s'annoncent ne lui permettront pas de reprendre autant de places dans les stands que dans la Nièvre.

La nouvelle chute de Kimi Räikkönen a au moins fait les affaires de Jenson Button (BAR), promu en 1re ligne devant son public. "C'est fantastique. C'est un superbe résultat. Nous ne nous attendions pas à être aussi bien ici", s'et réjoui le Britannique, relégué à 0.30 sec. Il partira devant Juan Pablo Montoya (McLaren), auto-satisfait. C'est vrai qu'il a pris la piste en cinquième position. ILe Colombien a aussi suggéré qu'il avait pas mal d'essence, mais il a oublié de rappeler que 12 chevaux avaient été ajoutés à sa cavalerie, contrairement à Kimi Räikkönen, à qui Brixton n'avait pu fournir la dernière spécification du Mercedes.

Williams en panique

Doit-on s'étonner de retrouver Jarno Trulli (Toyota) au 4e rang, à 0.56 sec ? Pour la 9e fois en dix confrontations, l'Italien a riducilisé son équipier Ralf Schumacher (8e), en lui collant 0.7 sec.

Lent dans le secteur 3, Rubens Barrichello est 5e, et premier pilote Ferrari, à 1.0 sec. Les Rouges ont pourtant cru à l'exploit de Michael Schumacher, en avance de 1 millième après le premier secteur du circuit. Mais, fait inhabituel, l'Allemand a mis deux roues dans l'herbe et multiplié les fautes. 9e temps.

Le Cavalino courbe l'échine mais chez Williams on recule. Désespéré comme à Magny-Cours par sa FW27, Nick Heidfeld a demandé à revenir à l'ancienne version d'Indianapolis, faisait fi de la refonte aérodynamique en course. Williams a greffé la boîte de vitesses et le moteur utilisés depuis vendredi matin. Au moins va-t-elle pouvoir opérer un test comparatif avec la version évoluée de Mark Webber, identifiable grâce à ses petites ailettes façon Renault sur le capot avant. Résultat : 11e temps pour l'Australien à 2.0 sec et le 14e, à 2.2 sec, pour l'Allemand.